Trajectoires anachroniques, 2022
Contreplaqué bouleau, noyer massif, érable sycomore, chêne, sapelli 
Dispositif mural : H : 210 x L : 230 cm
Sphère : 40 Ø
Chutes : entre 10 et 120 cm









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En s’inspirant des techniques ancestrales telles que l’intarsia et la marqueterie, l’installation interroge le geste artisanal en le déplaçant à la fois sur la technique et le contenu.
Les codes et les étapes de fabrication relatifs à l’artisan sont ici déconstruits et sont délégués aux machines de dernières technologies.

De la même manière que la composition schématique d’une cartographie mentale, Trajectoires anachroniques dresse un nouvel espace fictif où se superposent et se juxtaposent des éléments isolés, prélevés et extraits lors de pérégrinations romaines. Bribes d’architecture, itinéraires géographiques, formes géométriques, gestes alliés à la science s’inscrivent dans un inventaire de sources iconographiques appartenant à diverses temporalités et soulève les notions de temps, d’espaces, de voyage, de savoir et de connaissance.
Cette narration par le fragment permet de réaliser des croisements de références d’hier et d’aujourd’hui au travers de matériaux naturels, mais également de jouer avec les enjeux de compositions d’autrefois.

Dans l’histoire de la peinture du paysage, à la Renaissance, les progrès mathématiques apportent une meilleure compréhension de la perspective et de la proportion transformant radicalement les représentations du paysage. Ces avancées se situent au carrefour des autres formes d’art, notamment dans le travail du bois, où la marqueterie voit son répertoire ornemental également bouleversé et dont l’intention était de parvenir à une imitation totale de la peinture, aussi appelée tarsia picttorica « marqueterie picturale ».
Aujourd’hui, nous ne conceptualisons plus un paysage comme le représentaient les artistes de l’époque et les dispositifs de représentation qui existaient, témoignent de ces modèles paysagers.
Ces conceptions sont ici volontairement décalées en s’affranchissant de la construction fixe propre aux compositions picturales de la Renaissance notamment.
Il est plus question ici d’un langage cartographique qui répond à la restitution d’un espace vécu et traversé que d’un effet réaliste proche du «trompe-l’oeil», où le paysage s’observe en un seul tenant.

À la fois espace du dedans et du dehors, la mise en espace se réfère au studiolo, ces boiseries murales, ancêtre du cabinet de curiosités, réalisées dans des demeures privées.
L’installation rejoue l’ambivalence de ces espaces intimes qui alliaient par un programme iconographique singulier propre au propriétaire un intérêt souvent marqué pour les disciplines esthétiques et scientifiques.

Trajectoires anachroniques se situe à l’embranchement de ces enjeux techniques et esthétiques passionnants qui ont la capacité de traversé le temps.


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Oeuvres réalisées avec le soutien de la région Hauts-de-France (Bourse d’aide à la création) dans le cadre de la résidence Prix Wicar initiée par la ville de Lille en partenariat avec l’institut français de Rome.
Avec le soutien de place Cavour, le Tehcshop de Lille et de La malterie.
Aide à la réalisation : Renato Olivastri, Stéphane Cabée, Marc Lemichez et les équipes du Techshop de Lille.

Photos : vues de l’exposition Format à l’Italienne : Habiter le trouble*.
Commissariat : Florah Fettah